Principes de construction

Ces tables d'alimentation multi-espèces resultent d'une collaboration entre l'INRA, le CIRAD et l'AFZ. Elles font suite aux Tables de composition et de valeur nutritive des aliments destinés aux animaux domestiques publiés par l'INRA et l'AFZ en 2002-2004.

Matières premières

Les matières premières retenues dans les tables sont, dans leur majorité, celles entrant dans la composition des aliments composés industriels. Elles ont été choisies en fonction de leur degré d’utilisation, estimé à partir de leur fréquence dans la Banque de Données de l’Alimentation Animale de l’AFZ. Pour les matières premières moins courantes, nous avons privilégié celles pour lesquelles il existait des données nutritives fiables.

Certains lecteurs pourront s’étonner de l’absence de fourrages dans une table destinée entre autres aux herbivores. En fait, l’INRA a entrepris une réflexion de fond sur les concepts et les valeurs propres aux fourrages, notamment pour les ruminants, et ces travaux étaient en cours au moment de la conception de cet ouvrage. Le moment venu, une nouvelle édition ou une table spécifique fera le point sur les fourrages.

En ce qui concerne le choix des appellations et des catégories (différents types de tourteaux, par exemple), nous avons essayé de faire en sorte que chaque catégorie soit à la fois utilisable en pratique, car se référant à des matières premières effectivement utilisées par les opérateurs, et suffisamment individualisée d’un point de vue nutritionnel. Dans le cas de l’orge, par exemple, nous n’avons finalement retenu qu’une orge « générique », sans précision d’espèce (2 rangs ou 6 rangs) car ces deux espèces, de composition légèrement différente, ne sont souvent pas identifiées en tant que telles dans les circuits de l’alimentation animale. Dans le cas du tourteau de soja, il existe dans la pratique un très grand nombre de catégories définies par leur garantie en protéines (ou en protéines plus matières grasses) qui peuvent avoir chacune une existence commerciale (voire une individualité nutritionnelle) spécifique et limitée dans le temps : les 3 catégories nous paraissant les plus pertinentes actuellement ont été retenues.

Données chimiques

Origine

Les valeurs de composition chimique ont été élaborées par l’AFZ à partir d’un fonds de données collecté depuis 1989 et rassemblant plus d’un million de données de caractéristiques chimiques, physiques et nutritives, issues essentiellement des laboratoires des organisations adhérentes (Cf. liste des partenaires dans les Remerciements).

Autant que possible, les compositions chimiques ont été établies à partir de données récentes, originales et disponibles en nombre suffisant pour en permettre l’évaluation critique. Quand plus de 500 valeurs étaient disponibles, les moyennes ont été calculées pour les échantillons récoltés (grains et graines, tourteaux métropolitains) ou commercialisés à partir de 1995. Par ailleurs, les données appartenant aux 5% inférieurs et supérieurs ont été éliminées des calculs. Un écart type a été calculé lorsque 5 données ou plus étaient disponibles.

En l’absence de données originales, ou pour compléter celles-ci, des données d’origine bibliographique ont été utilisées : c’est le cas notamment pour les données de vitamines et pour une partie des données d’oligo-éléments et d’acides gras.

Une liste des tables consultées pour la réalisation de cet ouvrage est fournie dans les références à la fin de ce chapitre. Pour des raisons de place, cette liste ne cite pas l’ensemble des références bibliographiques utilisées.

Mise en cohérence des vecteurs de composition

Pour une même matière première, les nombres de données disponibles peuvent être sensiblement différents d’une caractéristique chimique à l’autre : dans le cas du blé tendre, par exemple, la teneur en protéines brutes est calculée sur plus de 7000 échantillons, alors que le nombre de résultats disponibles pour la teneur en tryptophane est de 65. De même, pour les matières premières présentées dans les tables, il y a en général 8 fois plus de résultats de cellulose brute disponibles que de résultats d’ADF. En conséquence, les données moyennes que l’on calcule à partir d’un ensemble d’échantillons peuvent être non cohérentes. Afin d’obtenir des vecteurs de composition cohérents, nous avons calculé des équations de régression permettant d’utiliser les caractéristiques les plus fréquentes en termes d’analyses pour prédire les caractéristiques moins répandues, et ce par matière première ou famille de matières premières. Nous avons également utilisé des équations existantes référencées dans la littérature. Au total, ce sont plus de 2000 équations de régression qui ont été établies, dont plus de la moitié ont été retenues pour les ajustements. En règle générale, la teneur en protéines brutes a servi de « valeur pivot » à partir de laquelle d’autres valeurs ont pu être prédites en cascade, en fonction de la disponibilité d’équations significatives.

Données de valeur nutritive

Principes

Le principe de base a été de respecter scrupuleusement la définition des systèmes d’évaluation mis en place dans les différentes espèces. Les valeurs nutritives ont été élaborées de telle sorte qu’elles soient cohérentes avec les valeurs chimiques pour une matière première donnée. Ce travail d’élaboration est détaillé dans les chapitres propres à chaque espèce, mais la démarche globale est commune. Dans un premier temps, les données individuelles de valeur nutritive obtenues in vivo ont été collectées dans les travaux INRA ou dans la littérature. Dans un second temps, des relations ont été recherchées entre ces valeurs nutritives brutes et les compositions chimiques des échantillons correspondants, valables pour des familles bien définies de matières premières ou des ensembles de matières premières plus larges (grain ou graine et ses coproduits, par exemple). Ces choix de groupes de matières premières ont été systématiquement réalisés avec l’appui de tests statistiques. Nous avons également utilisé des relations existantes lorsqu’elles étaient bien établies.

Quand ces relations existaient, les composantes de la valeur nutritive, comme par exemple la digestibilité in vivo de la matière organique, ont ainsi été calculées par régression pour correspondre à la valeur moyenne « table » des caractéristiques chimiques. Cette mise en cohérence a souvent été effectuée à partir d’équations de régression basées sur les teneurs en un ou plusieurs constituants pariétaux (cellulose brute, NDF, ADF ou lignine ADL). Cependant, d’autres prédicteurs ont été pris en compte selon les espèces, les matières premières et les caractéristiques à prédire.

En l’absence d’équations significatives utilisables, l’approche traditionnelle à base de valeurs moyennes brutes a été mise en œuvre. Nous avons alors vérifié la cohérence entre les échantillons utilisés dans les essais correspondants et les compositions chimiques présentées dans la table. Enfin, dans de rares cas, des données ont été reprises de tables antérieures, faute de pouvoir trouver des données originales complètement documentées.

Caractéristiques nutritives nouvelles ou récentes

Certaines caractéristiques nouvelles ou récentes de la valeur nutritive des matières premières sont présentées dans ces tables.

Dans le cas des porcs, il s’agit en particulier des teneurs en énergie nette des matières premières (porc croissance et truie) ainsi que de la disponibilité du phosphore. En ce qui concerne les digestibilités des acides aminés chez le porc, nous avons intégré, avec certaines modifications, les données de la table « AmiPig » réalisée en 2000 par différents partenaires, dont l’INRA et l’AFZ. En ce qui concerne les lapins, la table reprend les données de digestibilités (avec également des modifications) et le concept d’énergie métabolisable publiés par Perez et al (1998). Pour les poissons, les valeurs se basent sur le fonds de données utilisé pour constituer les tables publiées dans l’ouvrage INRA-IFREMER « Nutrition et alimentation des poissons et crustacés » (Guillaume et al., 1999).

Dans le cas des animaux ruminants, les tables intègrent maintenant les données d’acides aminés digestibles dans l’intestin, calculées selon la méthode publiée par Rulquin et al. (1993 et 2001). Outre l’actualisation des valeurs de dégradabilité in sacco de l’azote dans le rumen et l’intestin, nous avons indiqué les paramètres des cinétiques de la dégradation in sacco de la matière sèche et de l’amidon des matières premières dans le rumen. Nous avons également indiqué, lorsque des données étaient disponibles, les teneurs en phosphore absorbé chez les ruminants.

Enfin, pour les sources d’apport minéral, ces tables présentent la synthèse d’une étude bibliographique réalisée pour l’EMFEMA concernant la valeur biologique relative des minéraux et oligo-éléments pour les porcs, les volailles et les ruminants.